Science Fiction

 

La science fiction ne se limite pas au seul support écrit. Elle englobe, et c'est tout naturel, tous les supports de communications actuelles. Mais il faut reconnaître que le genre écrit y joue encore un rôle important, du fait de sa plus grande maîtrise ou de sa plus large production

Peut-on parler de SF en tant que genre littéraire?

Le simple fait, pour la science fiction, d'être plus que de l'écrit, pourrait lui valoir de ne pas être cantonné comme genre littéraire. On parle pourtant de genre littéraire pour le roman policier malgré l'existence du film policier. Ce qui fait de la SF une littérature à part entière, c'est qu'elle véhicule une certaine idéologie. Si un certain nombres de genre particuliers on donné naissance aux premières production de SF, la plupart des genres littéraires y sont maintenant représenté.

Le roman d'aventure

On ne peut nier un degré de parenté entre la SF et le roman d'aventure, mais cette parenté est descendante. Non pas que la SF soit née du seul roman d'aventure, mais au travers d'auteurs comme J Verne ou E A Poe, elle a vu s'écrire ses premières pages. Le roman d'aventure est maintenant un genre de la SF.

Le fantastique

Le rapport avec le fantastique est plus délicat à cerner. Tous deux font référence à l'immaginaire, mais, comme le souligne Gérard Klein (1) le fantastique est en lutte contre le rationalisme. Il fait appel à des valeurs disparues ou refusées. Que l'on ne croie pas au fantastique n'a pas d'importance, le mot de Mme Deffand rappelé par Roger Caillois (2) reste la règle "croyez vous aux fantômes? - Non, mais j'en ai peur."
Il n'est pas sûr que l'on croie à la "réalité" de la SF, mais du moins celle-ci s'efforce de nous le rendre vraisemblable, crédible.

Les contes de fées

On peut alors rapprocher la SF des contes de fées, Boris Vian (3) disait :" la science fiction pourchasse la merveille". Le merveilleux est présent en SF, mais la science, la connaissance scientifique, a remplacé les baguettes magiques, la connaissance magique. Comme le dit Jean Gatténo (4) "la SF est la féerie du monde moderne, elle en suppose la cohérence, fondée sur une rationalité acceptée par tous.
Dans la SF, nous ne pouvons croire à l'inexactitude des lois scientifiques, les événements invraisemblables que l'on rencontre, sont, pensons nous, compréhensibles à qui détient la clef, la connaissance scientifique. Cette hiérarchie du savoir se rapproche de celle des contes de fées. L'heroic fantasy correspond assez bien à l'un de ces type de science fiction.

La littérature orale traditionnelle

Un autre aspect de l'heroic fantasy est son rattachement à la littérature orale, des auteurs comme Jack Vance , P.J.Farmer ont l'art du conteur. Il est vrai que les premières nouvelles de SF américaines étaient proche de la tall story.

Les rapports de la SF à la science

Les sciences de la nature

Les débuts de la SF ont été marqués par une anticipation scientifique, et J Bergier (5) dit "une SF forte suppose des savants d'envergure pour aider les auteurs", ce genre est encore présent comme dans l'oeuf du dragon de R Forward. La SF met alors en jeu des propriétés liées aux sciences de la nature comme la physique, la biologie, la géographie... Les liens entre cette SF et la science sont forts.
Puis vint ce que Isaac Asimov appelle la révolution campbellienne.

Les sciences sociales

La SF intègre alors les sciences sociales, ethnologie, linguistique, sociologie, histoire... Les liens avec les scientifiques sont plus lâches, et le souci d'exactitude laisse la place à une plus grande liberté. La science devient progressivement un des centre d'intérèts de l'auteur qui désire, avant tout, proposer sa vision de l'univers. Si la SF a perdu en valeur scientifique, mais elle a gardé une préoccupation scientifique

Pour ou contre

Il peut paraître étrange que la science fiction puisse être antiscientifique, mais en prenant ses distances avec la science, elle a gagné en maturité et est capable de regarder d'un oeil critique le progrès technique. Toute la SF n'est, bien sûr, pas dans ce cas, mais tous ont recentré le progrès de la science vers l'homme. Comme l'apprenti sorcier, l'homme incapable de maîtriser la science risque de la voir se retourner contre lui et ses semblables. La science n'est pas un guide, c'est un outil pour l'homme qui doit faire l'effort de le dompter, et alors, alors seulement, le progrès sera possible.

La SF: une littérature en évolution

On le voit, la science fiction est une littérature assez récente, en cela elle est en pleine évolution. La foi en l'homme remplace et surpasse le progrès scientifique. La science n'est pas refusée, mais devient un moyen plutôt qu'une fin.
"La SF, c'est une nouvelle mystique...c'est la résurrection de la poésie épique : l'homme et son dépassement par lui même, le héros et ses exploits, la lutte avec l'Inconnu." disait Boris Vian (3) , et W Burroughs voyait en elle la mythologie de l'âge de l'espace.
La pensée prélogique a eu ses mythes, la pensée scientifique construit les siens à travers la SF. Mais sont-ils si différents?

Ce que la SF a de scientifique

Je trouve, dans la SF, l'esprit scientifique de deux manières différentes.

Anticipation scientifique

Il y a tout d'abord la présence de la science au travers des connaissances scientifiques actuelles ou à venir,  à la fois pour les sciences de la nature et pour les sciences sociales. Dans le cycle des robots d' I. Asimov, on parle de progrès technique possible, mais ces robots sont conduits par les trois lois de la robotiques et leur comportement social est analysé. Dans marée stellaire D.Brin amène les dauphins à l'égal des humains et étudie leur comportement et leur rapport à d'autres races intelligentes.

Expérience de pensée

Mais, on l'a dit, le progrès scientifique n'est pas toujours le moteur de l'évolution et n'a même rien à voir avec le sujet du livre. C'est alors la démarche scientifique qui est utilisée par l'auteur. Il s'agit d'immaginer un monde, un groupe d'individu possédant une propriété particulière et de décrire leurs comportement. On est près du mode de raisonnement qui conduit à une expérience scientifique. Il s'agit de mettre en avant un phénomène choisi, et de rendre les autres insignifiant: on se concentre sur un aspect particulier pour mieux le comprendre et l'analyser.
La SF est là un moyen de mener une expérience de pensée. Cela est intéressant dans les sciences sociales où l'expérience est quelquefois impossible à réaliser et où la simulation est utopique. J. Vance batit des mondes comme dans le cycle d'alastor ou des villages comme dans cugel l'astucieux ou des civilisations comme dans le cycle de tschaï où est mise en avant une particularité dont les avantages et les inconvénients sont passés en revue grâce à un personnage principal.
Dans la SF on retrouve nos idées, nos soucis, l'immaginaire permet d'en sélectionner un et de le mettre sur le devant de la scène, bien éclairé. C'est une littérature sérieuse, pour qui l'écriture et l'idée constituent les ingrédients fondamentaux.

Ce qui me plait dans la littérature de science fiction

Jack Vance
Isaac Asimov
David Brin
A E Van Vogt
Philip K Dick
R Silverberg
L Mc Master Bujold
...

 

(1) G.Klein entre le fantastique et la science fiction: Lovercraft, Cahiers de l'Herne 1969.

(2) R. Caillois Anthologie du fantastique, Gallimard.

(3) B. Vian et S Spriel Un nouveau genre littéraire, la science fiction, les temps modernes 10/51.

(4) J. Gatténo La science fiction PUF 1978

(5) J Bergier La guerre des mouches 1970

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