D'où vient cette théorie?

Comme la plupart des théories physique, celle sur le chaos n'est pas apparue en un jour. Il y a eu des errements, des abandons, des idées géniales, des coup de chance. Il aura fallu de bonnes connaissances théoriques, des expériences bien menées, de l'imagination et une bonne dose de travail.

La découverte scientifique ne peut pas être décrite par un schéma unique, elle est le fait des scientifiques, tous différents dans leur raisonnement et leur façon de voir les choses. Cette diversité ne doit pas être prise comme un facteur dégradant pour la science, mais lui apporte une richesse inégalable.

On confond souvent la science, la recherche scientifique et les scientifiques. La mécanique classique que l'homme d'aujourd'hui a à sa disposition n'a que peu de chose en commun avec celle de Newton, c'est sa représentation qui a changée. Des idées de Newton et du cheminement de sa pensée, on ne garde que de petites histoires, seul le résultat reste. Et la motivation de la recherche scientifique ne compte plus devant le savoir produit. On peut juger les comportements et les agissements des chercheurs et l'utilisation qui est faite des résultats, mais la science, ce patrimoine de l'humanité, ne peut être jugée car elle ne fait rien, elle est simplement.

Poincaré et les systèmes dynamiques

Même si il n'est pas le premier a avoir pressenti que la prédiction des modèles de la mécanique était limitée, Henri Poincaré( 1854-1912) a, à travers ses études sur les systèmes dynamiques, mis sur pied des outils indispensables à l'étude du chaos.

Au travers du problème à trois corps, il a montré que certains problèmes n'ont pas de solutions complètes (calculables pour tout instant), et que des calculs numériques (utilisables pour un instant) risquent d'être entachés d'une erreur importante à cause de la sensibilité aux conditions initiales. Même si le modèle est parfaitement décrit, on ne peut, pratiquement , pas prédire exactement son évolution.
La science doit-elle baisser les bras? Non, même si l'évolution ne peut être exactement déterminée, il doit être possible de se faire quelques idées sur l'état futur du système.

Poincaré a, entre autre, beaucoup utilisé l'espace des phases pour étudier ces problèmes rétifs aux méthodes classiques de résolution.

Systèmes dynamiques et espace des phases.poincare.htm_cmp_expeditn100_hbtn.gif (2604 octets)

Poincaré avait, en fait, découvert beaucoup de choses. Mais il lui manquait quelque chose d'important, Les exemples, les expérimentations numériques qui lui auraient permis de voir dans quel direction chercher, il ne pouvait pas les faire. Il lui manquait des calculateurs électronique. Ces études sombrèrent alors dans un semi oubli causé aussi par le dynamisme des recherches sur la mécanique quantique et quand les premiers ordinateurs firent surface...

Lorenz et les équations différentielles non linéaires

Dans les années 60, Lorenz, un météorologue, s'intéressait aux problèmes de convection atmosphérique. La modélisation du phénomène était difficile. Soit on utilisait un modèle vraisemblable et le calcul numérique était irréalisable, soit on prenait un modèle calculable et sa validité était plus que douteuse. Lorenz a choisi de faire ce qui était possible et de voir ce qu'il obtenait.

L'atmosphère était modélisée par un système de trois équations différentielles du premier ordre. Son espace des phases était de dimension trois. Ces équations différentielles étaient non linéaires et leur résolution ne pouvait être que numérique. Les ordinateurs ont pu alors apporter leur contribution et le résultat fut surprenant.

Les équations de Lorenz: sensibilités aux conditions initiales et attracteur étrange.lorenz.htm_cmp_expeditn100_hbtn.gif (2580 octets)

Avec ce système d'équation, cette modélisation grossière de l'atmosphère, Lorenz trouva un comportement se rapprochant de l'expérience. Ces ressemblances n'étaient pas quantitatives, mais qualitatives. Avec du "simple" il était parvenu à construire de manière déterministe du "compliqué".

Bien sûr il n'a pas été le seul a se rendre compte de ceci. Bon nombres de chercheurs avaient découverts des propriétés analogues. Ils restait, pour que cela devienne une théorie physique, a unifier tout ceci par une propriété commune.

Mandelbrot et les fractales

Mandelbrot, après des études à l'école polytechnique, parti dans un laboratoire aux états unis où il fût confronté à de multiples problèmes d'ordre scientifique. La modélisation des cours du coton, les bruits dans les transmissions électriques, les calculs de longueur de côtes ou de frontières.
Il en tira la certitude suivante, les méthodes habituelles n'étaient pas adaptées à ces sujets et comme il avait une approche géométrique, il chercha dans cette direction.

Mandelbrot étudia les courbes, les surfaces qui permettaient de représenter ce qui était rugueux, qui présentait des infractuosités insondables, des courbes et des surfaces compliquées.
Pour construire une courbe compliquée

on peut essayer de définir chacun des points par où passe la courbe, mais c'est beaucoup trop long.
on peut se donner un moyen de la construire, un moyen simple que l'on peut étudier.

Si personne n'avait emprunté ce chemin, on pouvait découvrir des traces d'anciens mathématiciens, Cantor, Julia, sur le bas coté. En effet ils avaient construit des ensembles, des courbes compliqués à partir d'une méthode simple, les suites itératives.  Mandelbrot utilisa tout ceci, ainsi qu'une définition de la dimension d'un objet qui pouvait donner des valeurs non entières. Il les baptisa, les  fractales étaient nées.

l'ensemble de Mandelbrot et autres fractales mandelbr.htm_cmp_expeditn100_hbtn.gif (2596 octets)

On peut se demander ce que ces fractales viennent faire ici ? La façon de les construire peut nous mettre sur la voie.

Il s'agit de réaliser une courbe compliquée à partir d'une méthode simple. Comme l'étaient les équations de Lorenz
On emploie une méthode utilisant les suites itératives. Comme la représentation discrète des systèmes dynamiques

Effectivement, et les chercheurs français comme David Ruelle y jouèrent un rôle important, on trouva que les attracteurs étranges avaient une structure fractale, et on trouva des fractales dans la théorie du chaos.

Récapitulation

La théorie du chaos tire ses fondements des travaux de savants comme Poincaré qui ont entrevu la distinction qu'il fallait faire entre déterminisme et prédictibilité à travers la sensibilité aux conditions initiales.

Les progrès de l'informatique ont permis, plus tard, un balayage plus systématique. Toujours de manière théorique, et en utilisant les outils mis au point par Poincaré, des scientifiques, dont Lorenz, ont pu observer plus précisément Les caractéristiques de ces modèles chaotiques.

Le travail de Mandelbrot sur les fractales et celui d'autres mathématiciens permit de donner une définition du chaos déterministe susceptible d'être utilisée de manière expérimentale. Le chaos déterministe passait alors du qualitatif au quantitatif.

Le chaos déterministe, plonge ses racines dans la théorie plutôt que l'expérience

Nous allons préciser, maintenant, les conditions d'application de ce modèle WB01675_.gif (219 octets)